Gaspillage alimentaire dans les transports de voyageurs ferroviaires, fluviaux et maritimes : l’ADEME publie une étude inédite qui met en lumière des solutions concrètes
En 2024, 4 millions de tonnes d’aliments ont été gaspillés en France. Dans le secteur du transport de voyageurs, la lutte contre le gaspillage alimentaire constitue un enjeu majeur. Pour mieux comprendre et réduire ce phénomène, l’ADEME, en partenariat avec la SNCF, les Bateaux Parisiens, Brittany Ferries et PONANT, a mené une étude approfondie sur les pertes alimentaires et les déchets associés dans ces environnements où les contraintes logistiques sont particulièrement fortes. Avec cette étude ainsi que le guide de bonnes pratiques et les fiches actions qui en découlent, l’ADEME invite l’ensemble des acteurs du transport de passagers à se mobiliser pour réduire le gaspillage alimentaire et son impact environnemental. Au-delà des économies réalisées, il s’agit de limiter l’empreinte écologique de ces activités et d’encourager des pratiques plus responsables au sein de l’ensemble de la filière, et plus largement dans l’ensemble du secteur touristique.
Transports de voyageurs : des contraintes spécifiques qui amplifient le gaspillage, avec des conséquences environnementales et financières.
Contrairement à un service de restauration classique, les compagnies de transport de voyageurs sont confrontées à des défis spécifiques qui rendent la gestion du gaspillage alimentaire particulièrement complexe. L’espace de stockage, de préparation et de tri des déchets sont souvent restreints, rendant difficile l’optimisation des flux et le recyclage. De plus, la clientèle, souvent internationale, implique une grande diversité de pratiques et d’habitudes alimentaires, ce qui complique l’anticipation des besoins et la gestion des excédents.
Par ailleurs, les repas des collaborateurs sont également fréquemment pris à bord, ce qui accroît le volume de déchets générés. Enfin, les conditions climatiques peuvent avoir un impact sur la conservation des aliments et la consommation des voyageurs. Bien que captifs, ces derniers conservent la possibilité d’apporter leur propre nourriture, échappant ainsi au contrôle des compagnies.
Ces conditions pèsent à la fois sur le gaspillage alimentaire produit par les voyageurs et les consommateurs, mais aussi sur la gestion de l’ensemble des déchets associés à la consommation alimentaire (emballages, canettes, serviettes en papier…).
Cette étude a permis de réaliser des audits auprès de quatre compagnies partenaires, avec des flux alimentaires très importants : plus de 10 millions de consommations sont enregistrées chaque année dans les voitures-bars de la SNCF, 1 million de repas sont servis à bord des navires de Brittany Ferries, 1,3 million pour ceux de Ponant, et 363 000 repas pour les Bateaux Parisiens. L’étude a mis en évidence deux principales sources de pertes alimentaires. Tout d’abord, les restes d’assiettes représentent une part prépondérante du gaspillage, atteignant jusqu’à 75 % du volume des déchets pour l’une des compagnies. Par ailleurs, les excédents en fin de service – autrement dit les plats préparés mais non consommés – peuvent représenter jusqu’à 70 % des pertes pour une autre entreprise. Les résultats observés sur les 4 compagnies sont très hétérogènes et ne peuvent être comparés entre elles du fait de fonctionnements très différents.
Néanmoins, l’ampleur du phénomène se traduit par des coûts considérables : les projections réalisées montrent que les pertes alimentaires engendrent des dépenses comprises entre 1,2 et 5,8 millions d’euros par an pour les compagnies concernées, et cela uniquement sur le gaspillage alimentaire.
Face à ce constat, une méthodologie en 5 étapes et des solutions concrètes testées avec des résultats prometteurs
Face à ces contraintes, l’ADEME, à travers son étude propose une méthodologie afin d’aider les compagnies de transport à mieux évaluer et limiter leurs pertes alimentaires. Cette dernière a été testée par les quatre compagnies partenaires de l’étude, elle est structurée en 5 étapes :
- Réalisation d’un diagnostic approfondi des pratiques et des volumes de déchets.
- Mise en place d’une phase de concertation avec les équipes afin de partager les constats et impliquer les collaborateurs dans la démarche.
- Formalisation d’un plan d’actions.
- Mise en œuvre du plan à travers des initiatives concrètes (portant sur l’anticipation des commandes et des préparations des repas ; sur l’ajustement du service ; la sensibilisation des collaborateurs et des clients ; la réduction des pertes ; la valorisation des déchets).
- Évaluation des résultats afin d’ajuster les dispositifs et d’optimiser les mesures mises en place.
Ainsi, pour inverser cette tendance, l’ADEME et ses partenaires ont testé 22 actions visant à réduire le gaspillage alimentaire. Parmi elles : la prévente des repas pour anticiper les quantités à préparer, l’adaptation des menus selon les contraintes de transport, la réduction des contenants et de la vaisselle, ou encore la sensibilisation des collaborateurs et des clients. Dans le cadre de l’étude, des campagnes de sensibilisation ont été menées pour encourager les collaborateurs à adopter de meilleures pratiques. Les résultats sont encourageants : deux entreprises ayant mis en œuvre ces actions ont constaté une réduction du gaspillage alimentaire de leurs employés allant de 35 à 55 %.
En ce qui concerne les passagers, l’impact des initiatives mises en œuvre est plus difficile à mesurer et nécessitera des observations sur une période plus longue.
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