Les enseignements

L'élaboration des 4 scénarios permettant d’atteindre la neutralité carbone de la France en 2050, met en lumière 11 grands enseignements transverses.

  1. Les quatre voies, présentées chacune avec sa propre cohérence, permettent à la France d’atteindre la neutralité carbone sur le périmètre territorial en 2050 et de diminuer l’empreinte carbone. Mais elles comportent des paris humains (surtout S1) et technologiques (surtout S4) plus ou moins forts qui font ressortir S2 et S3 comme les plus équilibrés et réalisables.
  2. La sobriété, qui consiste à nous questionner sur nos besoins et la façon de les satisfaire en limitant leurs impacts sur l’environnement, est le meilleur moyen d’aller plus rapidement vers la neutralité carbone tout en réduisant notre dépendance aux énergies fossiles. La sobriété est complémentaire à l’efficacité énergétique et contribue à limiter les risques associés au changement climatique ou à une crise géopolitique majeure telle que le conflit russo-ukrainien.
  3. La réduction de la demande en énergie, elle-même liée à la demande de biens et de services, ainsi que le développement des énergies renouvelables, sont des facteurs clés pour atteindre la neutralité carbone. Avec une réduction de la consommation d’énergie finale de -23 % à -55 % par rapport à 2015, il est possible de mettre en place un approvisionnement énergétique basé à plus de 70 % sur les énergies renouvelables (EnR) dans tous les scénarios. La part de l’électricité s’accroît de façon notable dans tous les cas.
  4. L’empreinte carbone (tous gaz à effet de serre – GES) diminue en 2050 pour tous les scénarios par rapport à son niveau de 2015. L’empreinte matières baisse également pour S1, S2 et S3 et s’établit au niveau de 2015 pour S4.
    Cependant, les réductions des empreintes restent insuffisantes pour s’inscrire dans une trajectoire limitant l’élévation de la température moyenne de la planète à +2 °C, ce qui nécessiterait de stabiliser les émissions de GES autour de 2 tCO₂eq en moyenne par habitant au niveau mondial en 2050.
  5. Les pressions sur l’environnement augmentent de S1 à S4 et les impacts environnementaux sont très différents d’un scénario à l’autre. C’est particulièrement le cas pour la quantité cumulée des GES au cours des trente années de l’exercice, mais également pour l’eau d’irrigation, l’artificialisation des sols ou les polluants atmosphériques.
    L’atteinte de la neutralité carbone au niveau territorial en 2050 ne saurait donc être l’unique fenêtre d’analyse et souligne les co-bénéfices de la sobriété qui diminue les différentes pressions environnementales.
  6. Dans les quatre scénarios, l’industrie se transforme non seulement pour s’adapter à une demande en profonde mutation mais également pour décarboner sa production. Cela nécessitera des plans d’investissements de grande ampleur avec notamment une augmentation du recyclage, et un effort de l’ensemble de la société pour accompagner les territoires en mutation et former les salariés aux nouveaux métiers.
  7. Notre capacité d’adaptation au changement climatique dépend des scénarios : S1 et S2 apparaissent plus robustes grâce à la sobriété alors que S4 semble plus risqué, avec une très forte consommation de ressources. Mais, dans tous les scénarios, c’est la ressource en eau qui devient l’élément central de notre capacité à nous adapter.
  8. Le vivant est l’un des atouts principaux de cette transition, permettant de combiner trois leviers stratégiques : le stockage de carbone, la production de biomasse et la réduction des gaz à effet de serre. Il est donc indispensable de maintenir un équilibre entre les usages alimentaires et énergétiques de la biomasse, avec la préservation des fonctions écologiques, comme la biodiversité et le stockage de carbone, grâce à une approche globale de la bioéconomie.
  9. L’adaptation des forêts et de l’agriculture devient absolument prioritaire pour lutter contre le changement climatique. La résilience des écosystèmes est d’autant plus cruciale qu’ils en subissent de plus en plus fortement les impacts. Les évènements extrêmes déjà observés pourraient générer un effondrement de certains milieux naturels et remettre en cause la faisabilité de tous les scénarios.
  10.  Avec les hypothèses retenues, aucun des scénarios, y compris les plus sobres, n’engendre de récession économique à long terme par rapport au niveau actuel de l’activité économique : trois scénarios sur quatre se traduisent même par un niveau d’activité supérieur à celui du tendanciel en 2050.
  11. L’exigence de justice sociale et la transparence sont au cœur des attentes des citoyens. Ces derniers attendent que les efforts soient partagés équitablement entre tous les acteurs, y compris économiques, et que l’État joue un rôle prépondérant. Il est également attendu un renouvellement des formes démocratiques de décision et des modalités de participation citoyenne.